Au Maroc, la ville côtière du sud-ouest Agadir accueille pendant une semaine la 14e édition du Festival international du film documentaire, le Fidadoc. Du 5 au 10 juin, le public avait accès gratuitement aux projections officielles du festival. Pas moins de quatre films documentaires par jour et plus d’une dizaine de pays représentés. L’occasion de parler de la place particulière qu’occupe le film documentaire dans le paysage cinématographique marocain.
Comme dans beaucoup de régions du continent, le cinéma au Maroc a commencé par le documentaire au moment des indépendances. Mais dans les années 1970, cette tradition disparaît et il faut attendre la fin des années 1980 pour que ce genre cinématographique revienne progressivement dans le pays à travers les cinéastes de la diaspora. C’est dans cette dynamique que s’inscrit la création du Fidadoc en 2008.
Hicham Fallah, le directeur général et artistique du festival, nous explique l’idée de sa fondatrice Nouzha Drissi. « Le documentaire essaye de documenter la réalité, qui n’est pas forcément celle que le pouvoir veut voir. Donc, l’idée de Nouzha de créer ce festival était de replacer d’abord le cinéma documentaire sur grand écran parce que pour la plupart des gens, le documentaire, c’est la télévision, c’est ce qui passe à minuit, ce sont les séries sur les grottes, sur la Médina, etc. et le fait que le cinéma documentaire raconte une histoire, a des personnages, a une dramaturgie. Il fallait replacer ça dans l’esprit du public et, en parallèle, de relancer la production, de recréer un cadre pour encourager la production du cinéma documentaire au Maroc. »
Une place de choix
Aujourd’hui, le film documentaire occupe une place de choix au Maroc… Beaucoup de cinéastes en font et pour inspirer la nouvelle génération, le Fidadoc organise La Ruche documentaire, une résidence artistique d’écriture de projets de films à laquelle Tessara Touvouna, étudiante à l’Essav, l’École supérieure des arts visuels de Marrakech, participe en tant qu’observatrice pour l’instant.
« À l’Essav, on nous met dans le bain de la fiction et ici, on découvre un peu plus le documentaire. J’ai beaucoup d’idées d’un documentaire que je voudrais réaliser. Donc, je participerai à cette résidence. »
Si le film documentaire se démocratise, un problème subsiste : celui de la peur de la caméra. Samy Sidali y a été confronté pour la réalisation de son film Petit taxi projeté lors de la cérémonie d’ouverture du festival. Un huis clos dans le taxi d’Ousama qui traverse Casablanca.
Dépasser la peur de la caméra
Pour Samy Sidali, filmer les clients dans ce taxi n’a pas été chose facile. « Il y a beaucoup de gens qui ont vu le taxi s’arrêter avec une caméra qui repartaient, d’autres personnes qui montaient et qui ne voulaient absolument pas participer à la chose. Cette peur de la caméra vient du fait que les images qu’on est habitué à avoir peuvent faire du mal. Je pense que se réapproprier les images, est peut-être une bonne direction pour moins avoir peur de la caméra et de ce qu’elle peut faire. »
Réussir à dépasser cette peur de l’image est donc l’un des défis encore à relever pour les réalisateurs de films documentaires au Maroc.