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Plus de 16 000 morts, des villes entières en ruines, des populations qui manquent de tout… « Les catastrophes naturelles sont l’occasion de rapprochements, relève La Croix. L’élan d’entraide s’affranchit alors des contraintes politiques. (…) Plus de 40 pays ont proposé leur assistance à la Turquie. Pour la Syrie, c’est plus compliqué, pointe le quotidien catholique. Le pays reste un paria de la communauté internationale. (…) Et pourtant, l’ONU a appelé hier à “mettre la politique de côté” pour assister le Nord-Ouest syrien. La détresse des victimes met en évidence l’impasse dans laquelle se trouve cette région divisée en zones presque hermétiques l’une à l’autre. L’aide d’urgence ne peut pas franchir ces frontières intérieures. (…) Pour les Européens, le dilemme politique sera total, surtout si le régime syrien ne concède aucune ouverture – hypothèse la plus probable. »
« Accusé depuis longtemps de détourner l’aide internationale destinée à sa population, ce même régime syrien n’a pas tardé à profiter du séisme pour lancer une offensive diplomatique, pointe Libération, en réclamant la levée des sanctions internationales qui le frappent depuis 2011, notamment de la part des Européens, alors même que ces sanctions ne s’appliquent pas à la fourniture d’aide humanitaire. »
Profil bas pour Erdogan
Pour ce qui est de la Turquie, poursuit Libération, « toujours très pragmatique, le président Erdogan a mis de côté son nationalisme étroit, accueillant à bras ouverts l’aide occidentale, y compris de ses grands rivaux comme Israël ou la Grèce. Pour le président turc, la réponse de son gouvernement au séisme représente un enjeu politique majeur – et possiblement déterminant – alors que débute la campagne électorale. Prévues pour le 14 mai, rappelle Libération, les élections présidentielles et législatives pourraient être reportées par Erdogan, s’il se voit reprocher ses manquements dans la gestion des conséquences du séisme. En visite hier dans la province de Hatay, l’une des plus touchées, Erdogan a reconnu des ‘”lacunes” dans la gestion de cette tragédie, tout en fustigeant des critiques “malhonnêtes”, estimant “impossible d’être préparé” à un tel désastre. Signe des tensions, relève encore Libération, Twitter est devenu inaccessible sur les principaux fournisseurs mobiles turcs, sur fond de critiques en ligne grandissantes. »
En France, la question de la taxation des superprofits resurgit
À la Une en France, cette question : faut-il taxer les superprofits ? Question qui revient régulièrement en cette période de crise mondiale dès lors qu’un grand groupe affiche des profits records… C’est le cas de LVMH, plus de 14 milliards d’euros pour 2022 ; de BNP Paribas, plus de 10 milliards et de TotalEnergies, avec plus de 19 milliards.
« Super indécence », s’exclame Libération. « Plus que ces montants, qui peuvent être considérés en soi comme les signaux d’une économie en bonne santé, c’est leur usage qui est le plus sujet à débat. De fait, ces superprofits donnent immédiatement lieu, non pas à des “super-investissements” ou à des “super-hausses de salaires” pour les employés, mais à des versements de “super-dividendes” enrichissant les seuls heureux détenteurs d’actions de ces entreprises. Ainsi, tandis que TotalEnergies promet d’investir 4,6 milliards d’euros dans “les énergies bas-carbone” cette année, le groupe choisit de redistribuer 9,4 milliards d’euros à ses actionnaires. »
La rentabilité à tout prix ?
Au contraire, « vive les profits ! », lance Le Figaro. « Un insondable mystère veut que, chez nous et seulement chez nous, les bénéfices de ces grands groupes, garants de leur survie, fassent scandale. » Eh bien, non, pour Le Figaro : « pour se frotter aux plus puissants, gagner des marchés, supplanter leurs rivaux, les multinationales (françaises) n’ont d’autre choix que la rentabilité à tout prix. »
Le Parisien est sur la même ligne : « il y a encore un gouffre avant de réconcilier les Français avec le monde de l’entreprise, afin qu’il ne soit plus considéré comme un péché, mais comme le moyen de se développer et d’anticiper plutôt que de subir. »
« Le problème n’est pas tellement qu’une entreprise dégage des profits, tempèrent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, c’est sa raison d’être en même temps qu’une source de revenus pour la nation et ses salariés. Non, ce qui fait débat, c’est quand le monde est en crise et que c’est cette crise-là qui génère la richesse de ces groupes. Il y a quelques mois, Joe Biden avait parlé de “profits de guerre”, on a beau chercher, on ne trouve pas formule plus appropriée… »