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L’arrestation d’Anderson Torres intervient au lendemain de l’annonce par le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes de l’inclusion de l’ancien président Jair Bolsonaro dans son enquête visant à découvrir les éventuels instigateurs de ces violences.
Le parquet avait demandé à la Cour suprême d’ouvrir une enquête sur le rôle de Jair Bolsonaro dans l’attaque lancée par ses militants contre la présidence, le Congrès et la Cour suprême elle-même dimanche 8 janvier. Une requête à laquelle a accédé la plus haute juridiction du pays. C’est la première fois que Jair Bolsonaro, battu à la présidentielle d’octobre par Lula, est formellement cité dans cette affaire, rappelle notre correspondant à Sao Paulo, Martin Bernard.
Il n’a jamais reconnu officiellement sa défaite, et les procureurs le soupçonnent d’avoir été le mentor intellectuel de l’assaut contre les lieux de pouvoir. Le parquet souhaite identifier l’origine des « actes anti-démocratiques qui ont débouché sur des épisodes de vandalisme et de violence à Brasilia ».
Anderson Torres arrêté
Jair Bolsonaro « a effectué une incitation publique à l’exécution d’un crime » en diffusant sur les réseaux sociaux une vidéo « mettant en cause la régularité de l’élection présidentielle de 2022 », avait expliqué le parquet dans un communiqué. Une vidéo publiée deux jours après l’invasion des lieux de pouvoir par des milliers de bolsonaristes, puis effacée, a rappelé le parquet. Mais elle pourrait selon lui apporter « un lien de preuve » justifiant « une enquête globale sur les actes effectués avant et après le 8 janvier 2023 » par l’ex-président.
Lors d’une perquisition chez l’ancien ministre de la Justice Anderson Torres, la police a également trouvé un projet de déclaration d’état d’urgence qui aurait permis d’invalider le résultat des élections et de maintenir Jair Bolsonaro au pouvoir, a révélé jeudi soir le quotidien Folha de S. Paulo. Sous le coup d’un mandat d’arrêt pour « collusion » présumée avec les auteurs des violences, il a été arrêté par ses anciens collègues de la police fédérale à l’aéroport de Brasilia alors qu’il rentrait des États-Unis pour se présenter devant la justice.
Anderson Torres est un personnage central dans la crise politique brésilienne. Jair Bolsonaro l’avait nommé chef de la police fédérale, puis ministre de la Justice. Il était apparu aux côtés de l’ex-président lorsque celui-ci avait contesté la validité des urnes électroniques et la légitimité du scrutin.
Après la défaite de Jair Bolsonaro, Anderson Torres a été nommé secrétaire à la Sécurité publique de Brasilia. Il est accusé de ne pas avoir renforcé le dispositif de sécurité autour des centres de pouvoir, alors que des manifestants étaient déjà rassemblés à Brasilia. Au contraire, il est parti en vacances à Orlando, où se trouvait déjà Jair Bolsonaro.
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(Et avec AFP)