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Le procès de l’ex-ministre de l’Intérieur italien a repris vendredi 13 janvier en présence de témoins clés. L’actuel ministre des Infrastructures et des Transports du gouvernement de Giorgia Meloni est accusé de séquestration de personnes et d’abus de pouvoir pour avoir refusé d’accueillir 147 migrants secourus par le navire humanitaire Open Arms en août 2019.
Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Avant d’entrer dans la salle bunker de la prison Ucciardone à Palerme, en Sicile, Matteo Salvini a tweeté : « Je risque 15 ans de réclusion pour avoir défendu l’Italie et ses frontières, en sauvant des vies ».
Oggi sono per l’ennesima volta a Palermo, nell’Aula Bunker dell’Ucciardone famosa per i maxiprocessi contro i mafiosi, per il processo OpenArms. Rischio fino a 15 anni di carcere per aver difeso l’Italia e i suoi confini, salvando vite e facendo rispettare la legge.
(1/2) pic.twitter.com/992HkxcySO— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) January 13, 2023
Appelé à la barre, Giuseppe Conte, chef du gouvernement à l’époque des faits, a tiré à boulets rouges contre le chef de la Ligue, rappelant avoir demandé à Salvini de faire débarquer « au moins les sujets fragiles, compte tenu de la situation dramatique à bord de l’Open Arms » qui avait secouru 147 migrants. « Bloquer ce navire en mer avec des mineurs pendant 19 jours n’avait aucun fondement juridique », a-t-il souligné. « Nous étions en pleine crise politique et Matteo Salvini était déjà lancé dans une compétition électorale. »
Règlement de comptes
Le chef du parti anti-migrants avait refusé pendant six jours d’accorder un port sûr au navire de l’ONG espagnole qui mouillait au large de la petite île italienne de Lampedusa, au sud de la Sicile, alors que les conditions à bord s’aggravaient. Les migrants n’avaient été autorisés à débarquer que grâce à une ordonnance émise par la justice sicilienne après une inspection à bord qui avait confirmé la gravité de la situation sanitaire sur le navire surpeuplé.
Pour sa part, Luciana Lamorgese, qui a succédé à Matteo Salvini en septembre 2019, a affirmé : « Durant la période où j’ai été ministre de l’Intérieur, la priorité a toujours été donnée au sauvetage des personnes ».
Quant à l’ancien vice Premier ministre, Luigi Di Maio, il a assuré que, contrairement aux déclarations de l’avocate de Salvini, Giulia Bongiorno, « l’assignation d’un port n’était pas subordonnée à la redistribution des migrants en Europe ».
Matteo Salvini, 48 ans, risque l’interdiction d’exercer une fonction au Parlement et dans tout organisme public. Et donc jusqu’à quinze ans de prison.