Publié le : 14/09/2022 – 00:04
L’Afrique reste globalement un continent encore mal connu des archéologues. Le berceau de l’humanité compte pourtant le plus grand nombre de sites préhistoriques au monde. Le manque de moyens financiers et humains a freiné jusqu’ici l’étude du patrimoine africain. La Guinée, par exemple, n’a pratiquement pas été explorée.
Publicité
De notre correspondant à Conakry,
La tête plongée dans un carton rempli de sachets. Luca Pollarolo est un archéologue italien. « Tout ça, c’est des éclats de quartz », indique l’archéologue. « Quand ils sont sur le sol, on peut croire que ce sont de simples cailloux, mais quand on les observe plus attentivement, on voit qu’ils ont des caractéristiques spéciales, qu’ils ont été façonnés par l’homme. Ce n’est pas l’œuvre de la nature. »
Des outils en pierres, Luca Pollarolo en trouve partout en Guinée. Il effectue régulièrement des missions pour un bureau d’étude. Il expertise les sites convoités par les sociétés minières. « La Guinée pourrait donner tellement d’informations, tellement de résultats, c’est à peine croyable ! En Afrique de l’Ouest, pendant de longues années, nous n’avons pas eu vraiment de recherches. On se concentrait sur le nord, le sud et l’est du continent. Aujourd’hui, ça commence à venir, mais on doit appuyer cet effort. »
S’intéresser au passé pour comprendre les enjeux du présent
Le long passé de l’humanité sur le continent pourrait bien nous donner des pistes pour faire face au plus grand défi de notre époque : le changement climatique. « À travers l’histoire, il est clair que les bouleversements qui ont affecté l’environnement ont poussé les gens à se déplacer, à adapter leur stratégie de chasse par exemple. Il y a une relation forte entre le changement climatique, la végétation, les animaux… C’est une chaîne. »
Mais reconstituer le scénario précis d’un évènement vieux de plusieurs milliers d’années, cela demande du temps et des moyens. « Ce qu’on peut faire ici en Guinée, c’est mettre à contribution les compagnies minières qui sont nombreuses dans le pays. Elles pourraient soutenir financièrement une équipe venue de l’étranger qui formerait ensuite des gens sur place à l’archéologie. Donc oui, c’est possible, mais on a besoin d’argent pour ça. »
Aujourd’hui, il avoue ne pas être certain que les conseils qu’il prodigue aux entreprises minières pour la préservation du patrimoine sont véritablement suivis…