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Des dizaines de milliers de juifs se sont rassemblés ce jeudi 18 mai à Jérusalem pour la traditionnelle « Marche des drapeaux », une manifestation nationaliste marquant la prise de la partie orientale de la Ville sainte par Israël en 1967 et régulièrement émaillée par des violences.
« Mort aux putains d’Arabes ». Des insultes, des doigts d’honneur levés fièrement aux visages des rares Palestiniens croisés, un racisme à l’état brut. Dans la Vieille Ville de Jérusalem, la rage s’exprime sans complexe ce jeudi soir. Les yeux exorbités, les veines battantes dans le cou et sur le front, le visage tordu par la colère. « Je vous tuerai tous, un par un », lance une Israélienne à des Palestiniens.
Pourquoi tant de haine ? Elle ne répondra pas. Mais un peu plus loin, Daniel, un Franco-Israélien souhaite, de son propre chef, exprimer son opinion. « Lorsque les juifs ont traversé le désert, Moïse leur a dit : “Évitez d’aller chez les Philistins”. Qui sont les Philistins ? Ce sont les Palestiniens, qui sont de mauvaise influence. On a traversé le désert durant 40 ans pour les éviter. Ce n’était pas un hasard », observe-t-il au micro de notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa.
La marche, dont le trajet traditionnel passe par la Vieille Ville, dans Jérusalem-Est, doit s’achever au mur des Lamentations, lieu saint pour les juifs situé en contrebas de l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam. Cette année encore, la manifestation se tient dans un contexte de très fortes tensions, le conflit israélo-palestinien ayant déjà fait près de 200 morts depuis le début de l’année, dont 35 au cours d’une guerre de cinq jours entre l’armée israélienne et des groupes armés palestiniens de la bande de Gaza, du 9 au 13 mai.
Confinement forcé
Pour garantir la sécurité et éviter toute friction, la police israélienne a décrété un confinement forcé dans le quartier musulman de la Vieille Ville. Les habitants doivent rester chez eux. Leurs commerces baissent le rideau. C’est donc cloîtrés entre quatre murs qu’ils assistent ce jeudi encore, comme chaque année, à cette parade. Une provocation, une humiliation gratuite. Oser protester, et c’est l’arrestation assurée. Plus de 3 000 policiers israéliens ont été déployés pour éviter tout débordement.
Les Israéliens qui participent à ce défilé le font pourtant en majorité dans le calme. Mais il y a une minorité, bien plus visible que les autres : les suprémacistes juifs. Des colons, très jeunes, souvent armés de fusils d’assaut, qui cherchent l’affrontement. Cette année, la police israélienne fait preuve d’une rare fermeté à leur encontre afin d’éviter tout incident.
« Ce n’est pas une démonstration belliqueuse, c’est une démonstration d’amour », affirme David, lui aussi franco-israélien. « On a l’espoir qu’un jour ici, il y ait la paix », confie cet entrepreneur qui dit entretenir d’excellentes relations avec ses employés, à 90% arabes israéliens. « Tant qu’il y a des gens qui sont de bonne volonté, il y aura toujours de l’espoir, estime-t-il. Il y a des gens de mauvaise volonté de part et d’autre. Mais moi, je pense qu’il reste toujours une petite lumière, qui nous permettra de trouver une solution. » Pour lui, seule une infime partie des manifestants est belliqueuse. Leur opinion ne reflète pas du tout la vision de la majorité des Israéliens, assure-t-il.
(Et avec AFP)