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Le Parlement chilien a définitivement adopté, mardi 11 avril, une loi de réduction du temps de travail de 45 à 40 heures hebdomadaires. Le pays rejoint ainsi l’Équateur et le Venezuela, seuls autres pays d’Amérique latine où la semaine de travail est de 40 heures, quand elle est de 48 heures dans la majorité des autres pays de la région.
Avec notre correspondante à Santiago, Naïla Derroisné
Après six ans de discussions et de navette parlementaire, le Congrès a approuvé mardi, avec une ample majorité, le projet de loi sur la réduction du temps de travail, qui était établi jusque-là à 45 heures par semaine. C’était l’une des promesses de campagne du président Gabriel Boric. La mesure sera mise en place petit à petit : cette année, la semaine passera à 44 heures, l’année prochaine à 43 et ainsi de suite jusqu’à atteindre les 40 heures.
Dans les faits, plusieurs entreprises avaient déjà mis en place cette mesure, mais pour certaines professions, c’est une véritable petite révolution. C’est le cas notamment pour les travailleuses domestiques qui vivent chez leurs employeurs du lundi au vendredi. Maria Cotal Neira exerce ce métier depuis trente-huit ans, elle est aussi présidente du syndicat qui représente sa profession. « On se lève à 6 heures du matin, explique-t-elle, on prépare les enfants pour l’école, on sert le petit déjeuner. Et ensuite, c’est la routine : le ménage, les courses, la cuisine, promener les animaux, arroser les plantes. Et on termine vers 9 ou 10 heures du soir. »
« C’est une superbe avancée »
Avec ses collègues, elles réalisent des journées d’en moyenne 12 heures et souvent travaillent à Santiago. Elles ne voient que très rarement leur famille, puisque beaucoup vivent en dehors de la capitale. « Bien sûr que ça affecte la famille, témoigne-t-elle. Parfois, lorsque je veux prendre la défense de mes petits-enfants, ma fille me dit que je n’ai pas mon mot à dire. Elle me dit : “Toi, tu ne sais pas ce que c’est que d’être mère”. Mais bien sûr que si, je sais ! J’ai dû élever les enfants d’une autre femme pour mettre du pain sur votre table. »
Pour ces femmes, la semaine ne sera pas réduite à 40 heures, mais la nouvelle loi a prévu qu’elles auront deux jours de repos supplémentaires par mois. « C’est une superbe avancée et nous sommes très contentes, souligne Maria Cotal. Mais l’employeur chilien pense toujours que nous sommes ses esclaves, de façon élégante, car il n’assumerait jamais le fond de sa pensée. »
Selon les chiffres officiels, il y a, au Chili, 400 000 travailleuses domestiques. Mais on estime que pour chaque travailleuse déclarée, il y en a deux, voire trois, qui ne le sont pas.
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