
Le président Vladimir V. Poutine de Russie s’est rendu à Marioupolsa deuxième visite surprise dans le territoire ukrainien occupé par la Russie ce week-end, et un geste de défi peu de temps après qu’un tribunal international eut émis un mandat d’arrêt contre lui.
M. Poutine a volé en hélicoptère depuis la Crimée, puis a visité Marioupol, dans la province de Donetsk à l’est, selon le média d’État Tass dimanche. Marioupol a été le théâtre de l’une des batailles les plus féroces depuis que la Russie a envahi l’Ukraine l’année dernière. Le rapport de Tass a qualifié l’arrêt de “voyage de travail” pour M. Poutine afin d’examiner les travaux de construction et de restauration dans la ville, qui abritait autrefois un demi-million de personnes et la plus grande aciérie d’Europe.
Il s’agissait du deuxième voyage inopiné de M. Poutine ce week-end dans les zones d’Ukraine occupées par la Russie, et le plus proche que le dirigeant russe ait été des lignes de front depuis l’invasion de février dernier. Son voyage samedi en Crimée a été programmé pour coïncider avec le neuvième anniversaire de l’annexion illégale de la péninsule par la Russie. Les deux visites très médiatisées étaient également des gestes de défi du Kremlin moins de 48 heures après qu’un tribunal international a émis un mandat d’arrêt contre lui. Le mandat affirme qu’il portait la responsabilité pénale individuelle de l’enlèvement et de la déportation d’enfants ukrainiens qui ont eu lieu depuis l’invasion de la Russie l’année dernière.
Depuis le début de l’hiver, les deux camps sont enfermés dans une bataille acharnée pour la terre à l’est où la ligne de front a à peine bougé, chaque armée étant à court de munitions et subissant des pertes croissantes. M. Poutine n’a montré aucun signe de relâchement ou de se diriger vers la table des négociations, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est engagé à reprendre tout le territoire saisi par la Russie, y compris la Crimée.
Jusqu’à présent, l’Ukraine a récupéré environ la moitié de ce territoire. Et il a persuadé plusieurs de ses alliés de l’OTAN de fournir leurs armes les plus précieuses, notamment des chars, des missiles, des systèmes antimissiles et, la semaine dernière encore, des avions de chasse. Alors que la guerre entre dans sa deuxième année, M. Poutine s’est retrouvé encore plus isolé, avec une liste croissante de sanctions et de grands obstacles à la vente du gaz et du pétrole de son pays, qui financent la guerre. Cela l’a incité à se tourner vers l’Iran pour des armes, y compris des drones et des missiles, et vers la Biélorussie, où il a organisé des troupes pour l’invasion de l’année dernière et fait de même pour une nouvelle offensive. M. Poutine était justement en Biélorussie en décembre pour rendre visite au président Aleksandr G. Lukashenko.
Lundi, il accueillera le plus important allié de Moscou, le dirigeant chinois Xi Jinping.
La Chine a déclaré que la visite de M. Xi offrait à Pékin l’occasion de pousser M. Poutine à des pourparlers de paix et a laissé entendre qu’un appel avec M. Zelensky pourrait suivre. Mais les États-Unis ont fait valoir que la Chine n’était pas un courtier honnête et fournissait à la Russie des fournitures indispensables pour la guerre, des accusations que la Chine a démenties et qui ont contribué à faire chuter les relations entre les deux puissances au plus bas depuis des décennies.
Pendant des mois l’année dernière, la Russie a envoyé des milliers de soldats à Marioupol, qui abrite la plus grande aciérie d’Europe, et a bombardé la ville sans discernement. En infériorité numérique et avec des armes de moins en moins sophistiquées, l’armée ukrainienne a tenu bon pendant des semaines, pour finalement se réfugier dans l’usine sidérurgique de la ville. Enfin, en mai, les forces ukrainiennes se sont retirées, laissant la ville dévastée sous contrôle russe.