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Arrêtée en Iran en juin 2019, puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale, la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah est sortie de la prison d’Evin, a-t-on appris ce vendredi 10 février 2023.
« Elle est libre », assurait ce vendredi l’un des proches de Fariba Adelkhah préférant garder l’anonymat. « Mais on ne sait rien de son statut », précisait cette personne.
« La France se réjouit de la libération ce soir de Mme Fariba Adelkhah, chercheuse au centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, qui était injustement détenue en Iran à la prison d’Evin », a ensuite confirmé le Quai d’Orsay dans un communiqué.
« Il est essentiel que Mme Fariba Adelkhah puisse recouvrer l’ensemble de ses libertés, y compris celle de retourner en France si elle le souhaite », ajoute le ministère français des Affaires étrangères.
Dernière confirmation, celle du comité de soutien de l’universitaire, toujours par communiqué : « Nous avons la joie de confirmer que Fariba est sortie ce soir de la prison d’Evin. Un immense soulagement ! Nous ignorons à l’heure actuelle les conditions de sa libération. »
Encore six Français détenus en Iran
FaribacAdelkhah, âgée de 63 ans, avait été arrêtée en Iran en juin 2019, puis condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale. En janvier 2022, la justice iranienne avait ordonné son retour derrière les barreaux, alors qu’elle avait un temps été autorisée à vivre en résidence surveillée.
La Franco-Iranienne nie les accusations retenues à son encontre. Paris estime également que sa condamnation n’est fondée sur aucun élément sérieux.
Plusieurs dizaines d’Occidentaux restent détenus en Iran, un pays qui ne reconnait pas la double nationalité. C’était jusqu’ici le cas de sept ressortissants français. Les noms de deux d’entre eux ne sont pas connus.
Mais Benjamin Brière a, par exemple, été arrêté en mai 2020, avant d’être condamné à huit ans et huit mois de prison pour espionnage.
Quant à Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris, ils ont été arrêtés en mai dernier, alors qu’ils faisaient du tourisme dans le pays.
Plus récemment, l’identité du Franco-Irlandais Bernard Phelan, détenu dans une prison iranienne depuis octobre, a été rendue publique. Le comité de soutien de Fariba Adelkhah, qui dit espérer « la libération rapide » des autres « otages » français en Iran, selon ses termes, s’est dit « inquiet » pour ce dernier, dont l’état de santé avait été jugé préoccupant par le Quai d’Orsay fin janvier.
Leurs soutiens décrivent souvent les prisonniers occidentaux comme des innocents utilisés par Téhéran pour faire pression sur leur pays. Paris, notamment, n’hésite plus à accuser Téhéran de créer des « otages d’État ». La République islamique a fait valoir que les étrangers étaient détenus en vertu de ses lois intérieures, mais s’est dit prête à des échanges de prisonniers.
C’est avec bonheur et soulagement que nous annonçons la libération de notre chère collègue Fariba Adelkhah, détenue arbitrairement en Iran depuis plus de 3 ans. Otage des autorités locales, elle était une prisonnière scientifique. Merci à tous ceux qui ont permis sa libération.
— Sciences Po (@sciencespo) February 10, 2023
La diplomatie française reste déterminée
Le contexte ? Actuellement sous sanctions internationales, l’Iran tente, avec les grandes puissances, de ressusciter l’accord international de 2015 sur son programme nucléaire.
Le régime de Téhéran est par ailleurs confronté à d’importantes manifestations depuis l’automne dernier.
Fin décembre, le ministère français des Affaires étrangères avait assuré que la mobilisation des autorités françaises pour faire libérer leurs ressortissants restait « totale ».
(Avec agences)
Fariba Adelkhah libérée dans le cadre de l’amnistie de l’ayatollah Khamenei ?
On ne connaît pas encore les conditions de la libération de Fariba Adelkhah, mais elle pourrait avoir été décidée dans le cadre de l’amnistie décidée par le guide suprême iranien pour la libération de plusieurs milliers de prisonniers ou des réductions de peines importantes.
Dans la mesure où elle a purgé plus de la moitié de sa peine de cinq ans de prison, la chercheuse peut théoriquement bénéficier de cette amnistie.
Cela intervient aussi à la veille du 44e anniversaire de la victoire de la Révolution islamique, qui est également l’occasion de grâces ou de remises de peines.
Parallèlement à cette information, le chef de la diplomatie iranienne a révélé ce vendredi que des négociations étaient menées depuis plusieurs semaines avec les États-Unis pour un échange de prisonniers.
Selon Hossein Amir Abdollahian, un responsable britannique avait été désigné par Washington pour mener des discussions avec Téhéran en vue d’un tel échange, et cet émissaire est venu en Iran ces dernières semaines. Les Américains doivent prendre des décisions techniques pour que l’échange se fasse, a déclaré le chef de la diplomatie iranienne.
Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères, avait demandé il y a deux semaines à l’Iran de libérer les sept prisonniers français détenus dans le pays.
À Téhéran,
Siavosh Ghazi
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