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À Budapest, l’ambassadeur américain, David Pressmann, en poste depuis septembre dernier, n’est pas le bienvenu. Il est la nouvelle bête noire des médias proches du pouvoir.
De notre correspondante à Budapest,
Cette offensive s’explique d’abord en raison de sa personnalité. David Pressman est marié à un homme. Il est arrivé à Budapest avec son mari et leurs deux enfants. Or, le gouvernement ultra-conservateur de Viktor Orban mène une politique hostile aux personnes LGBT+.
Selon le parti de Viktor Orban, qui a beaucoup de points communs avec les républicains aux États-Unis, la Hongrie serait menacée par des forces de gauche qui veulent imposer l’idéologie de genre dans la société. Le nouvel ambassadeur américain, nommé par les démocrates, donc par la gauche américaine, incarne parfaitement ce « complot ».
Un ambassadeur accusé d’ingérence
Le diplomate a même été surnommé « Madame l’ambassadrice » dans un talk-show. Mais il n’y a pas que des attaques personnelles. David Pressman est aussi accusé d’ingérence dans la politique hongroise, puisque après avoir rencontré des magistrats hongrois opposés au gouvernement, l’ambassadeur a aussitôt été pointé du doigt. Il a répliqué que c’était plutôt Viktor Orban qui s’immisçait dans la politique américaine. Il a rappelé que l’été dernier, trois mois avant les élections de mi-mandat aux États-Unis, Viktor Orban est allé au Texas faire campagne avec les candidats républicains.
Dans une interview au New York Times, l’ambassadeur raconte aussi que les services secrets hongrois ont fabriqué un rapport de toutes pièces ; ce rapport prétend que des citoyens américains comploteraient pour renverser Viktor Orban. Un tissu de mensonges, selon le diplomate qui juge ces méthodes alarmantes.
Les liens entre la Hongrie et la Russie
Et ce qui inquiète le représentant de Washington, c’est que Viktor Orban se comporte en allié de la Russie, alors que cette dernière a attaqué l’Ukraine. Ce qui choque l’ambassadeur américain, c’est que, après l’invasion de l’Ukraine, le ministre hongrois des Affaires étrangères est allé en Russie pour acheter encore plus de gaz. « Quand je vois des missiles russes tomber sur des enfants en Ukraine, déclare David Pressman, et qu’au même moment le ministre hongrois donne une conférence de presse dans les bureaux de Gazprom, ça me dérange beaucoup. »
Et puis le diplomate américain souligne autre chose : des politiciens et des communicants du gouvernement hongrois répètent que l’Amérique est derrière cette guerre, que les États-Unis veulent bâtir un empire dont l’Ukraine ferait partie. Or, c’est exactement le discours de Vladimir Poutine.
L’ambassadeur américain tape du poing sur la table. Selon lui, il est grand temps que le gouvernement Orban choisisse son camp et arrête de soutenir Moscou. Pas sûr que cela apaise la tension. Le ministre hongrois des Affaires étrangères a carrément conseillé à l’ambassadeur de s’occuper de ses affaires : « Ce que vous dites ne nous intéresse absolument pas », a lancé le ministre.
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