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« Déjà englué dans la très vive contestation autour de son projet de réforme des retraites, voilà Emmanuel Macron qui s’attaque au tout aussi brûlant dossier de l’immigration, s’exclame Le Figaro. Sujet sur lequel son impensé de 2017 ne lui a jamais été pardonné par ses détracteurs. Notamment à droite, où on lui instruit un éternel procès en déni, voire en naïveté. Le tout teinté d’inefficacité. Présenté hier matin [le 1er février, NDLR] en Conseil des ministres, le projet de loi immigration de l’exécutif ne fait pas exception, relève encore Le Figaro. Et n’échappe pas aux critiques acerbes des Républicains, qui ont annoncé qu’ils ne le voteraient pas. »
« Lancer un débat sur l’immigration et l’asile en plein psychodrame sur les retraites est un choix plutôt hardi, s’exclame Sud Ouest. Diversion, ou simple respect du calendrier législatif ? Toujours est-il que le pouvoir remet sur la table un sujet sur lequel on a déjà légiféré 29 fois depuis 1980, soit en moyenne une fois tous les dix-huit mois. Il arguera que la France est peut-être plus sensible que d’autres à la pression migratoire. Avouons quand même qu’une telle inflation laisse perplexe. »
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Un projet malvenu ?
La Charente Libre renchérit : ce sujet de l’immigration est « malvenu », « si la question des flux migratoires et celle de l’expulsion des individus illégalement sur le territoire, ne doivent pas être négligées, toutes les études montrent que les préoccupations centrales des Français concernent le pouvoir d’achat et… les retraites. […] C’est donc avec un projet décalé par rapport à la réalité du pays et vain quant à son efficacité que le gouvernement va, après les retraites, jouer sa survie politique. »
En effet, constate également La Charente Libre, « droite et gauche ont d’ores et déjà exprimé leur hostilité au projet […], en des termes qui laissent peu de place au compromis. Et dans l’hypothèse où Élisabeth Borne passerait à l’Assemblée l’écueil des retraites, il est probable qu’elle ne franchirait pas celui de l’immigration ».
Faciliter l’intégration des travailleurs sans-papiers
C’est vrai, pointent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « à peine était-il présenté hier que ce projet de loi sur l’immigration faisait déjà l’unanimité contre lui. La gauche et les associations de défense des étrangers dénoncent un durcissement du volet répressif et un “détricotage des droits” des exilés. À droite, beaucoup considèrent que le texte ne changera pas la donne et qu’il conviendrait de l’affermir pour le hisser “au niveau du problème”. »
Reste que « la France intègre très mal, pointe le quotidien alsacien. Elle laisse vivre sur son territoire des familles étrangères dont la situation n’est pas régularisée et ferme les yeux sur les immigrés illégaux qui contribuent au PIB national, des chantiers du BTP aux cuisines des restaurants. S’il est imparfait aux yeux de beaucoup, ce projet de loi présente au moins le mérite de s’attaquer en partie à cette hypocrisie, pointent Les DNA, en facilitant l’intégration des travailleurs sans-papiers et en simplifiant les procédures de demandes d’asile, tout en renforçant les possibilités d’expulsions pour les étrangers délinquants. »
Plus de quatre millions de mal-logés en France
À la Une également, le rapport 2023 de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement. Avec ce chiffre effarant, relève La Croix : « On compte 4,1 millions de personnes mal logées (en France). Et on estime à 330 000 le nombre de personnes sans domicile, soit plus du double qu’en 2012. On peut certes se désoler de politiques publiques à courte vue ou trop souvent incantatoires. Mais cet échec n’est pas uniquement celui des gouvernements successifs, estime le quotidien catholique. Il est celui de toute la communauté nationale. Il semble que nous souffrions d’une forme collective d’accoutumance. Comme si nous prenions le mal-logement pour une donnée, un état de fait contre lequel on ne pourrait rien. Comme si par exemple il n’y avait pas plus de 3 millions de logements vacants, dont plus de 100 000 directement habitables. Comme s’il était impossible d’orienter davantage l’énorme quantité d’épargne disponible vers la construction. Quand la Fondation Abbé-Pierre appelle à la “mobilisation générale”, il ne s’agit pas d’un slogan : des particuliers aux associations, des bailleurs professionnels aux pouvoirs publics, tout le monde doit agir à son échelle. C’est à cette seule condition, conclut La Croix, que la France peut espérer sortir un jour d’une forme de culture du mal-logement. »
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