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Une question en première page de L’Opinion. Hier, mercredi, les syndicats ont enregistré un nouveau succès de mobilisation. Un million 270.000 manifestants dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, plus de 2 millions et demi selon les syndicats. En tout cas, davantage que le 19 janvier. « Entre l’exécutif, les manifestants et l’opinion, qui saura convaincre qu’il ne reculera pas ? », se demande le quotidien libéral.
« Retraites : le bras de fer se durcit », pointent Les Échos en première page. « Si le gouvernement a perdu la bataille de l’opinion, s’il doit concéder que celle de la rue est bien menée, il s’engage dans celle du Parlement, relève le quotidien économique. Elle sera longue, difficile, mais quoi qu’il arrive, y compris s’il le faut avec un 49.3, elle ira à son terme, assurent Les Échos. ‘Ça se fera’, martèle l’exécutif. (…) Les syndicats ragaillardis promettent de faire durer le bras de fer. (…) Et à la fin, qu’est-ce qui se passe ? Des Français mécontents versus un texte voté par les élus du peuple. Deux légitimités qui s’affrontent, et un espoir côté gouvernement : que son rouleau compresseur finisse par lasser les manifestants. »
Plus de grain à moudre ?
Pour Le Figaro, la réforme des retraites doit passer… « L’ampleur des cortèges est une satisfaction pour les syndicats, mais elle n’est pas une surprise ; et elle ne devrait pas peser sur la détermination de l’exécutif. » Toutefois, reconnait Le Figaro, « si les images de mardi ne feront pas plier le gouvernement, elles ne sont évidemment pas sans effet sur l’opinion. Et donc sur les parlementaires qui vont devenir les premiers acteurs de la nouvelle étape de ce débat sur les retraites. Même pour des députés de la majorité, il est toujours inconfortable de se sentir à contre-courant de l’opinion. La tentation de concessions peut alors affleurer. Mais l’exécutif ayant déjà consenti à toutes les inflexions possibles pour obtenir en amont un accord théorique des Républicains, il n’y a plus de ‘grain à moudre’, assure Le Figaro, au moment où la réforme entame son parcours parlementaire. »
La colère va encore monter ?
Non, rétorque Libération. « La colère monte et l’exécutif continue à regarder ailleurs. (…) Le mouvement ne faiblit pas donc, bien au contraire. Et cette colère qui croît pourrait bien entamer la fragile majorité qui soutient ce projet à l’Assemblée nationale. Les élus Renaissance et même LR n’ont pas tous le petit doigt sur la couture du pantalon, ils perçoivent bien cette fureur qui remonte de leur circonscription et qui pourrait les mettre à mal. Certes, aucune élection, à l’exception des européennes en 2024, ne se profile à court et moyen termes, et c’est bien là-dessus que joue Emmanuel Macron. Il se croit tranquille, mais le fossé ne cesse de se creuser entre lui et le reste du pays. »
Pour L’Humanité, « il est grand temps de retirer le projet de loi si l’Élysée et Matignon veulent éviter une explosion sociale bien plus forte. (…) La retraite à 64 ans est la goutte de trop, après les sacrifices du Covid, le mépris pour les Gilets jaunes et l’inflation qui ronge la vie quotidienne. À bon entendeur… »
Et maintenant ?
« Une chose est sûre, soupire La Croix : les positions sont figées comme jamais. On ne voit pas le début du commencement d’une possibilité de conciliation. Élisabeth Borne a fermé la porte à toute discussion sur le point le plus contesté. Le report de l’âge légal à 64 ans ‘n’est pas négociable’. C’est à se demander s’il existe une autre manière d’aborder une réforme des retraites qu’en restant droit dans ses bottes. Et maintenant ? », s’interroge La Croix. « Sauf à imaginer une radicalisation de la rue – ce qui n’est jamais souhaitable –, c’est au Parlement que la suite va se jouer. Or, en dépit du soutien des Républicains, on aurait tort de considérer que la majorité est acquise. »
« La tension ne peut que monter dans les prochaines semaines, estime pour sa part La Charente Libre, et le débat parlementaire pourrait attiser le combat plus qu’il n’éclaire les enjeux. Élisabeth Borne remonte en première ligne demain jeudi sur France 2 et lundi à la tribune de l’Assemblée. Sa marge de manœuvre est faible entre des aménagements sur la retraite des femmes, les carrières longues et l’emploi des seniors. Son capital politique n’est pas plus épais. Une petite cinquantaine de députés des Républicains tiennent dans leur vote l’avenir de la réforme, celle de la Première ministre et leur propre survie. »