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Aujourd’hui lundi, examen en commission à l’Assemblée nationale du projet de réforme. Demain, mardi, nouvelle journée de mobilisation partout en France. Et chacun fourbit ses armes…
« Comment l’exécutif prépare la bataille de l’Assemblée », titre Le Parisien. L’exécutif qui « est désormais prêt pour l’épreuve de force. Et tant pis si une grande majorité de Français reste très largement opposée à la réforme. (…) Inflexible, Elisabeth Borne a annoncé samedi qu’elle ne reviendrait pas sur les deux principaux points d’achoppement que sont le report de l’âge légal de départ à 64 ans et l’accélération du processus d’allongement de la durée de cotisation. »
« La bataille s’annonce ardue, pointe encore Le Parisien. Du RN à la Nupes, en passant (aussi) par une partie des LR, les oppositions sont prêtes à en découdre. En fait, ces trois jours d’examen en commission des quelque 7.000 amendements déposés, seront surtout un tour de chauffe, avant l’épreuve dans l’hémicycle qui va débuter à partir du 6 février. »
D’ici là, le gouvernement ne va pas pour autant rester sans rien faire. Il serait prêt à quelques concessions : « l’Élysée a réclamé en urgence de plancher sur des mesures pour éteindre les trois fronts ouverts – les femmes, les jeunes, les seniors, croit savoir Le Monde. À l’étude, (notamment) le passage de 44 à 43 années de cotisation pour ceux ayant commencé à travailler à 20 ans. Des mesures ‘sucrées’ au menu du déjeuner d’Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, tout à l’heure, qui seront soupesées à la veille de la nouvelle journée de mobilisation. »
Combien de bataillons ?
Autre problème pour l’exécutif, arithmétique celui-là… « Le gouvernement redoute de perdre la base parlementaire qui – paradoxe en majorité relative – constituait son principal atout, pointe Le Monde. La promesse d’une majorité décrochée grâce à l’alliance avec Les Républicains, affichée début janvier, permettait à Elisabeth Borne de ranger son arme du 49.3. À Matignon, on assure que le patron du parti, Eric Ciotti, et celui du groupe à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, ont donné leur parole. Sans garantie que la quarantaine de voix de LR nécessaires suive, une quinzaine s’étant déjà dit contre… Ce brouillard s’épaissit avec le vent de fronde qui traverse la majorité, où une dizaine de députés s’opposent au projet. »
Et Le Monde de conclure : « le vote à l’Assemblée nationale pourrait se jouer à une poignée de voix. »
Vers une radicalisation ?
En attendant, les syndicats comptent bien faire le plein de manifestants demain mardi… « Après avoir mobilisé plus d’un million de personnes le 19 janvier, les syndicats veulent frapper plus fort, relève Le Figaro. Pas moins de 300 lieux de manifestation sont déjà prévus et de nombreuses grèves sont attendues dans les écoles, les raffineries et les transports. Pour l’heure, domine la volonté de préserver l’union syndicale, même si, en coulisses, les premières envies de durcissement se font entendre. »
Et Le Figaro s’alarme : « après les manifs et les marches de janvier contre la réforme des retraites, faut-il se préparer aux grèves et blocages de février ? Depuis des jours, les modérés s’emploient à éviter une radicalisation du mouvement, mais les plus extrémistes (CGT en tête), aiguillonnés par une base qui ne croit qu’au durcissement et rêve de rejouer 1995, mettent de l’huile sur le feu. »
Encore et toujours la confrontation…
En tout cas, cette partie de bras de fer souligne le manque chronique de concertation dans notre pays… C’est ce que constatent Les Dernières Nouvelles d’Alsace : « force est de reconnaître que les derniers septennat et quinquennat n’ont pas été marqués par de retentissantes solutions négociées. La confrontation a toujours prévalu (…). L’expression employée par Elisabeth Borne ‘plus négociable’ illustre deux maux bien français, souligne le quotidien alsacien : une allergie culturelle au compromis et une atrophie de la solidarité nationale. Ce qui est en jeu dans les prochaines semaines n’est rien d’autre que la sauvegarde du système de retraite par répartition auquel les Français sont très attachés. Les salariés ne comprendraient pas qu’ils soient les seuls à en supporter la pérennité alors que les profits de certains fleurons nationaux flambent. C’est l’égale répartition de l’effort financier qu’il faut négocier, plus que jamais. »