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C’est l’évènement au Congo démocratique : l’arrivée du pape François fait la une de la presse congolaise. « Un million de personnes attendues à Ndolo », s’exclame le site d’information Actualité CD. Ce sera en effet le point d’orgue de la visite papale : cette grand-messe célébrée mercredi à l’aéroport de Kinshasa. Actualité CD nous donne des chiffres : « un million de personnes sont donc attendues sur cet espace accessible à partir de 30 entrées et évacuable en 7 minutes. L’équipe technique travaille sur une surface de 850.000 m2. Trente zones distinctes ont été identifiées pour éviter tout mouvement de foule incontrôlé. Pour un meilleur confort, 22 écrans géants seront déployés. Sur le plan sanitaire, il y aura 20 dispensaires mobiles avec chacun une capacité de prise en charge d’une dizaine de personnes. L’équipe a aussi prévu 20 bornes fontaines. »
Pour l’occasion, la matinée de mercredi sera chômée… Précision du site d’information Cas-info. Cas-info qui assure aussi que le président « Félix Tshisekedi, très attaché aux valeurs religieuses, s’emploie à offrir au pape François sa plus belle visite pontificale. »
« Quatre jours d’effervescence !, renchérit Afrikarabia. Kinshasa s’apprête à vibrer pour accueillir le Pape François à partir de demain. 37 ans après Jean-Paul II, François est très attendu par tous les Congolais. Avec 45 millions de fidèles, la République démocratique du Congo est en effet un poids lourd du monde catholique. »
Contexte sécuritaire et politique tendu…
Reste que le souverain pontife « arrive à Kinshasa dans un pays en tension, pointe également Afrikarabia. Il y a tout d’abord une guerre sans fin qui sévit à l’Est depuis bientôt 30 ans, et qui prend des tournures inquiétantes ces derniers mois avec le retour des rebelles du M23, et son lot de déplacés qui fuit les combats. Il y a également un contexte politique tendu avec des élections prévues théoriquement en décembre prochain. Mais l’organisation du scrutin prend déjà du retard, et la guerre à l’Est font craindre un possible report. Le Pape François est très attendu sur ces deux thématiques par les Congolais. »
Le site congolais Politico CD revient également sur le conflit dans l’est : « Kinshasa constate de nouvelles traversées cordonnées de troupes rwandaises lourdement armées. (…) Des renforts en hommes et en matériels pour maintenir l’insécurité sur le sol congolais », déplore le site. « Jeudi dernier, précise-t-il, les rebelles du M23, étayés par l’armée rwandaise, se sont emparés de la ville de Kitchanga et ont ensuite repoussé une contre-offensive de la milice locale. (…) Les M23 semblent avancer vers l’axe de Masisi dans une manœuvre de flanc avec comme principal objectif d’assiéger la ville de Goma. Par ailleurs, l’armée a alerté, samedi, sur la présence dans le territoire de Masisi d’un corps expéditionnaire des forces spéciales de l’armée rwandaise. »
Le Rwanda inflexible
« Le Rwanda est (donc) accusé d’instrumentaliser cette rébellion », rappelle Le Monde Afrique. « Le Rwanda est clairement désigné par Kinshasa et par le groupe d’experts de l’ONU chargés de cette crise comme le parrain logistique et idéologique du M23. Les États-Unis et la France ont également appelé leur partenaire rwandais à stopper son ingérence. Le 19 janvier, par téléphone, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a de nouveau fait part de sa préoccupation auprès du président angolais, Joao Lourenço, sous les auspices duquel un plan de cessez-le-feu et de cantonnement du M23 a été dessiné en décembre 2022. Depuis, la mise en œuvre de cet accord patine. Les Congolais appellent donc la communauté internationale à exercer davantage de pression sur le Rwanda. En vain. »
Pourquoi ? « Le Rwanda est perçu comme un pilier de la stabilité dans la région des Grands Lacs et comme un partenaire fiable, ce qui n’est pas le cas de la RDC », explique un diplomate européen interrogé par Le Monde Afrique. « L’autoritarisme du régime rwandais, qui a étouffé toute vie démocratique, poursuit-il, n’a été ponctué que par le silence des grandes puissances. »
« Bouc émissaire » ?
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagamé s’explique : « le Rwanda fait figure de bouc émissaire, affirme-t-il. Il l’est aux yeux d’une communauté internationale qui a failli, et il l’est pour les responsables congolais, trop heureux de trouver une excuse à leur propre incapacité. »
À la question de Jeune Afrique « comment mettre un terme à cette crise ? », Paul Kagamé répond : « d’un côté, le M23 doit cesser les combats. De l’autre, et simultanément, le gouvernement congolais doit étudier sérieusement ses revendications et y répondre. Les autorités de Kinshasa doivent aussi mettre un terme aux discours de haine anti-tutsi et ne plus menacer ces populations de les renvoyer au Rwanda alors qu’elles sont chez elles au Congo. »