
A un mois du lancement des opérations d’identification et enrôlement des électeurs dans les provinces de l’Est de la République Démocratique du Congo, le gouvernement interpelle la communauté internationale sur l’attitude belliciste de son voisin, le Rwanda. Dans un communiqué signé mardi 24 janvier, Kinshasa condamne l’attaque de son avion de chasse par l’armée rwandaise mardi soir à Goma. Ce comportement « risque d’hypothéquer ces opérations (d’identification et enrôlement des électeurs en cette année électorale », selon le document. La classe politique congolaise commente diversement cette déclaration. Si les uns y voient un alibi pour cautionner le glissement, les autres sont, par contre, assurés de la tenue d’élections dans le délai.
Pour Blanchard Mongomba, secrétaire général de Nouvel Élan, parti de l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito, le régime actuel ne peut pas lier la question de l’insécurité dans l’Est du pays à l’organisation des élections dans le délai :
« Cette situation est connue de tous. Depuis plus de deux décennies, le Rwanda continue de nous mettre mal à l’aise dans cette partie du pays. Par conséquent, les élections sont une obligation constitutionnelle. Nous ne pensons pas que le régime peut se permettre de lier injustement ces deux questions. La situation de l’insécurité était prévisible, elle ne doit en rien impacter l’organisation des élections dans le délai », a-t-il déclaré dans une interview accordée à Le Potentiel.cd.
Député élu de l’UDPS et président de la commission PAJ à l’Assemblée nationale, Augustin Mulumba Kanza, estime, pour sa part, que Félix Tshisekedi tient à l’organisation d’élections dans le délai:
« Félix Tshisekedi n’a aucune intention de repousser les élections. Le gouvernement se prépare à organiser les élections en respectant la Constitution. Nous sommes sortis du moule, où pour être président de la République, il faut passer par les élections. Tshisekedi sera le premier président à respecter le cycle électoral. Le gouvernement mettra tous ses moyens pour contraindre le Rwanda de retirer tous ses militaires. Les élections seront organisées dans le délai convenable…, le glissement ne fait pas parti du vocabulaire du président de la République », a déclaré Augustin Mulumba.
Les relations entre Kinshasa et Kigali sont tendues depuis la reprise des hostilités entre le M23 soutenu par le Rwanda et les FARDC en novembre 2021. Dans un communiqué publié mardi dans la soirée, le Rwanda a accusé la RDC d’avoir « violé son espace aérien pour la troisième fois », pour justifier l’attaque contre l’avion de chasse appartenant à l’armée congolaise. Kinshasa dément et voit « cette énième attaque du Rwanda comme une action délibérée d’agression qui équivaut à un acte de guerre ».