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Au Bénin, la CENA, la Commission électorale nationale autonome, a proclamé, hier, les résultats provisoires des législatives de dimanche dernier. L’UPR, l’Union progressiste le renouveau, parti soutenant le président Patrice Talon, arrive en tête, avec un peu plus de 37 % des voix, soit 53 sièges de député. Le Bloc républicain, l’autre parti acquis à la cause du président Talon, arrive derrière, au coude-à-coude avec le parti d’opposition Les Démocrates. Le parti Les Démocrates, de l’ancien président Boni Yayi, qui obtient un peu plus de 24 % des voix, avec 28 sièges.
« Jusqu’ici uniquement composée de députés issus de la mouvance présidentielle et critiquée pour son aspect “monocolore”, la législature béninoise s’ouvre donc de nouveau à l’opposition », relève Jeune Afrique. « L’opposition qui n’a pas encore officiellement réagi à ces résultats provisoires, pointe encore le site panafricain ; certains cadres des Démocrates promettent, en off, que des recours seront introduits. “En compilant les chiffres qui nous revenaient du terrain, nous pensions avoir obtenu entre 29 et 32 sièges. Les résultats rendus par la CENA ne sont donc pas très éloignés des nôtres, confie une figure du parti. Mais nos observateurs déployés dans les bureaux de vote nous ont rapporté des bourrages d’urnes, souvent au profit de l’UPR”. »
Des débats qui s’annoncent « passionnants et houleux »
En tout cas, L’Événement Précis à Cotonou se réjouit de ce retour de l’opposition : « Ils étaient, au départ, incertains de prendre part à ces législatives, au regard des difficultés de constitution des pièces exigées, dont le fameux quitus fiscal. La Cour constitutionnelle les sauvera de justesse et les insérera dans la course. Très peu de Béninois les y attendaient à ce niveau de performance, convaincus que d’autres partis en lice, dont le Bloc Républicain et l’Union Progressiste le Renouveau, avaient plus d’étoffe et d’arguments (…). Mais à l’arrivée, pointe donc L’Événement Précis, les Démocrates n’ont pas fait piètre figure (…) Avec des députés dans 14 circonscriptions électorales sur les 24. Avec aussi de très bons scores à Parakou et à Cotonou, la grande capitale économique du Bénin : 6 sièges sur les 8 des deux circonscriptions de la ville. »
Commentaire de La Nouvelle Tribune, autre quotidien béninois : « avec la présence de personnalités de la mouvance présidentielle et de l’opposition, les débats à l’Assemblée nationale de la 9e législature s’annoncent passionnants, intéressants et houleux. Le contrôle de l’action gouvernementale sera surtout le cheval de bataille pour les honorables députés, surtout ceux de l’opposition qui, lors de la campagne électorale, ont fait cette promesse à leurs électeurs. »
Le Bénin, à nouveau « phare de la démocratie » ?
Le Pays au Burkina se félicite de la bonne tenue de ce scrutin… « Globalement, on peut dire que tout est bien qui finit bien. Car, contrairement aux précédentes élections qui avaient été émaillées de violences, ces législatives ont connu une campagne civilisée qu’il faut mettre à l’actif de tous les acteurs politiques. Le scrutin, même s’il n’a pas connu une forte mobilisation, s’est déroulé sans le moindre couac. Et même la publication des résultats, jusque-là, n’a pas fait l’objet de contestation. Toutes choses qui méritent d’être saluées, surtout dans un continent où élections riment avec violences. En tout cas, conclut Le Pays, le Bénin vient de prouver à tous qu’il peut toujours mériter l’appellation de phare de la démocratie dans la sous-région ouest-africaine. »
« C’est une ouverture, commente pour sa part Aujourd’hui, toujours à Ouaga, peut-être qu’au premier mandat, le président Talon qui voulait faire émerger un Béninois nouveau, intègre et travailleur, a estimé qu’à ce second mandat, il était temps de renouer avec la démocratie “acceptable”, quitte à la débarrasser de certaines tares. »
Et Aujourd’hui de s’interroger : « Quelle marge de manœuvre pour les Démocrates face au pouvoir à l’Assemblée nationale ? (…) Quelle suite pour le président Talon dans ce qui ressemble à un retour à la démocratie ? Le businessman de 64 ans, qui voulait gouverner son pays comme il dirigeait ses sociétés, a-t-il déjà un plan pour la prochaine présidentielle, à laquelle il ne peut plus concourir ? Quel avenir pour les Démocrates et l’opposition ? »
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