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Tout d’abord au Burkina Faso, un « Noël de sang : un drame de plus, un drame de trop ! », s’exclame WakatSéra. Dimanche 25 décembre, relate le journal, « sur la RN 4, axe Fada-Kantchari, un minibus de transport en commun a heurté une mine. Le bilan est catastrophique : 10 morts, 5 blessés, sans compter les passagers portés disparus ». Pourtant, soupire WakatSéra, « ces derniers temps, les Burkinabè avaient l’impression qu’ils bénéficiaient comme d’une bouffée d’oxygène, au regard des prouesses récentes des Forces de défenses et de sécurité et des Volontaires pour la défense de la patrie […]. La reprise, dans la province du Mouhoun, de Solenzo, ville restée de longs jours sous le joug et la férule des terroristes, en est, pour l’instant, l’illustration emblématique. Mais les faits sont têtus !, pointe WakatSéra. Il faut se rendre à l’évidence : les terroristes qui écument le Burkina peuvent être sonnés et groggy par endroits, mais force est de reconnaitre qu’ils n’ont pas abdiqué ».
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Démonstration de force dans le nord-est du Mali
Au Mali, à présent, « les jihadistes affichent leur force » : c’est du moins ce qu’affirme Le Monde Afrique. « À l’offensive depuis mars dans la région de Ménaka puis dans celle de Gao, dans le nord-est du pays, l’État islamique dans le grand Sahara a publié, récemment, une vidéo de près de dix minutes mettant en scène sa capacité de frappe. Des centaines d’hommes armés de fusils d’assaut ou de lance-roquettes en rangs serrés, quelques pick-up équipés de mitrailleuses lourdes, des motos par dizaines […]. Preuve, estime Le Monde Afrique, que les mouvements jihadistes peuvent désormais rassembler leurs unités, en temps normal dispersées par petits groupes d’une trentaine de combattants, sans crainte de frappes aériennes. »
Commentaire d’une source officielle française, citée par le journal : « le coup de com’ est réussi. Comme il n’est plus question pour nous d’intervenir au Mali, ils peuvent désormais y faire ce qu’ils veulent. Du temps de Barkhane, cela aurait été impossible. »
Et Le Monde Afrique d’affirmer en outre que « les forces armées maliennes et le millier de mercenaires russes présents dans le pays ne mènent aucune opération militaire d’envergure dans cette zone du Nord-est ».
Expulsion de la coordinatrice de l’ONU au Burkina Faso
À ces tensions sécuritaires s’ajoutent aussi des tensions diplomatiques. Et on revient au Burkina Faso avec la récente expulsion par les autorités militaires de la coordinatrice des Nations unies sur place, Barbara Manzi. Les militaires au pouvoir lui reprochent d’avoir jeté le discrédit sur le pays en appelant à l’évacuation des familles du personnel des Nations unies au Burkina et également d’avoir des liens avec des chefs terroristes.
Commentaire de L’Observateur Paalga : « cet incident inédit dans les annales de la diplomatie du Burkina Faso intervient dans un contexte où bon nombre de nos partenaires, occidentaux en l’occurrence, ne sont plus en odeur de sainteté avec une frange de la population et même des plus hautes autorités. (…) Tout cela, sur fond de rapprochement à petits pas avec la Russie de Poutine. […] On a le sentiment que le capitaine Ibrahim Traoré marche doucettement, mais résolument sur les pas du colonel Assimi Goïta du Mali. »
Autre son de cloche pour Le Pays : « Barbara Manzi a elle-même donné des verges pour se faire flageller. Non seulement en raison d’une attitude qui frise à la fois la condescendance et le mépris, mais aussi en raison d’une collaboration dont la franchise est sujette à caution. Son expulsion est donc perçue comme un coup de sang à la hauteur des griefs à elle reprochés. De ce point de vue, on ne peut pas faire le reproche aux autorités burkinabè d’avoir pris leurs responsabilités. »
Lâcher la bride ?
« Mali, Guinée, Burkina… Comment sortir de l’impasse ? », s’interroge pour sa part Jeune Afrique. « Face au blocage total de la situation politique à Bamako, Conakry et Ouaga, une seule solution, affirme le site panafricain : faire preuve de pragmatisme et tendre la main aux pouvoirs putschistes locaux […]. Ne plus ostraciser les autorités de ces trois pays, de les traiter donc comme des dirigeants “normaux” en réintégrant le Mali, le Burkina et la Guinée dans toutes les instances sous-régionales, mais aussi de leur lâcher la bride localement, en les laissant mener leurs réformes et plus largement leur politique. Bref, de les réintégrer dans le concert des nations africaines et de leur faire confiance. Non sans contrepartie, estime encore Jeune Afrique. Ils devront enfin accepter de prendre des engagements, ou de respecter ceux déjà pris, à commencer par celui de ne pas aller au-delà de 2024 pour rendre le pouvoir aux civils à travers des élections libres et transparentes. »