Sur leurs doigts et sur les touches de calculettes, les observateurs de la démocratie congolaise comptabilisent les jours qui les séparent de la date fatidique du 20 décembre 2023, et qui seront marqués par les différentes étapes du processus électoral dans ce pays qui compte 100 millions d’habitants.
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Si les simulations de calendrier sont si frénétiques, c’est que la tenue des élections en temps et en heure relève parfois du pari, comme ce fut le cas en 2016 quand Joseph Kabila a bénéficié d’un bonus de trois ans. En cette fin d’année 2022, on commence à murmurer le mot «glissement»…
Confiants et sceptiques
Il y a les confiants, les sceptiques et les menaçants… Confiant, Denis Kadima, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) affirme que le mot « glissement » ne fait pas partie de son vocabulaire. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti du chef de l’État, lui emboîte le pas en s’arc-boutant sur un calendrier qui vient de donner le signal de la première grande étape de la préparation des élections présidentielles, législatives, provinciales et communales.
Les opérations d’identification et de recensement des électeurs ont démarré, ce 24 décembre dans un bon nombre de provinces : Kongo-central, Kinshasa, Kwango, Kwilu, Mai-ndombe, Equateur, Mongala, Nord-Ubangi, Sud-Ubangi et Tshuapa. L’opération concerne également la diaspora de France, des États-Unis, d’Afrique du Sud, du Canada et de Belgique.
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Parmi les sceptiques se trouvent Monseigneur Nshole, porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo, (Cenco), qui qualifia pudiquement le calendrier de « quand même très serré ». Plus volontariste, certains embouchent la trompette de la mise en garde : « Quand vous avez cinq ans pour préparer les élections, il faut les préparer », prévient le prix Nobel de la Paix Denis Mukwege qui exige le respect des délais constitutionnels.
Scrutation permanente
Le recensement d’une cinquantaine de millions d’électeurs rassure autant qu’il inquiète. Certes, le début des opérations est un succès symbolique, mais la durée de trois mois de cette étape – moins que lors des élections précédentes – inspire méfiance. «Augmentation de 30 % du nombre de centres d’enrôlement » et « techniques numériques », répond la Ceni qui entend faire gagner un temps précieux aux opérateurs de saisie, en invitant les Congolais à remplir les informations relatives à leur identité via l’application Prerap-Ceni.
L’année 2023 devrait donc être rythmée par la scrutation permanente du respect de chaque étape. Un processus qui ne se heurtera pas seulement à l’implacable effritement des semaines, mais aussi aux conséquences de l’insécurité à l’est du pays, dans des régions qui représentent l’un des plus grands bassin d’électeurs de RDC. Les mois qui viennent dévoileront si l’assurance de la Ceni relève, ou pas, de la méthode Coué.