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Plus de 2 000 soldats ont encerclé samedi 24 décembre deux quartiers de San Salvador dans le cadre de la guerre contre les gangs menée par le président Nayib Bukele, deuxième opération de ce type en un mois dans ce pays d’Amérique centrale gangréné par la violence.
Depuis samedi matin, le quartier de Tutunichapa « est totalement bouclé », a écrit le président du Salvador sur Twitter. « Plus de 1 000 soldats et 130 policiers vont extraire les criminels » de cette zone « célèbre pour le trafic de drogue », a-t-il ajouté.
Todos los terroristas, narcotraficantes y pandilleros serán removidos de esta comunidad, hasta hace unos meses bastión del crimen.
Los ciudadanos honrados no tienen nada que temer y pueden continuar haciendo su vida normalmente.
La #Fase5 del #PlanControlTerritorial continúa.
— Nayib Bukele (@nayibbukele) December 24, 2022
À Tutunichapa, 23 personnes ont été arrêtées, selon le ministre de la Défense René Merino qui n’a pas précisé s’il s’agissait de membres de gangs ou de personnes impliquées dans le trafic de drogue. « Tous les terroristes, trafiquants de drogue et membres de gangs seront expulsés de ce quartier, qui était jusqu’à il y a quelques mois un bastion du crime. Les citoyens honnêtes n’ont rien à craindre et peuvent continuer à mener leur vie normalement », a précisé Nayib Bukele dans un autre tweet.
Second quartier encerclé
Dans la soirée, 1 000 autres militaires et 100 policiers ont été envoyés pour boucler un autre quartier de la capitale, La Granjita. « Après avoir encerclé Tutunichapa, un célèbre centre de distribution de drogue, nous savions que de nombreux trafiquants de drogue iraient se réfugier dans le quartier de La Granjita, un autre célèbre centre de distribution », a expliqué le chef d’État sur Twitter.
Le 27 mars, suite à une demande du président du Salvador, le Congrès avait décrété un régime d’urgence pour lutter contre une recrudescence des violences provoquées par des gangs. Cette guerre contre les gangs a conduit à l’arrestation de plus de 60 000 personnes depuis mars pour des liens présumés avec des organisations criminelles, selon des chiffres officiels.
« Un show publicitaire »
Pour José Maria Tojeira, l’ancien recteur de l’Université centraméricaine du Salvador, « ce type de siège sur une localité reste peu efficace ». « D’autant que dans ce cadre de régime d’exception, ceux qui devaient fuir ces quartiers l’ont déjà fait. Ceux qui sont arrêtés n’ont que peu de liens avec les membres des Maras recherchés. Ou tout simplement ce sont des gens qui travaillent », estime-t-il. Et d’ajouter : « Je crois qu’il s’agit d’un show publicitaire plutôt que d’un mécanisme efficace pour combattre la délinquance au Salvador ».
Le 3 décembre, l’armée avait déjà mobilisé près de 10 000 militaires dans la ville de Soyapango, limitrophe de San Salvador, où environ 500 membres présumés de gangs ont été arrêtés, selon le dernier bilan gouvernemental.
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(Avec AFP)