
« C’est une injustice inadmissible. C’est un embargo qui ne dit pas son nom, nous n’en voulons pas », ces propos fermes sont du ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, exprimant le ras-le-bol du gouvernement de la République démocratique du Congo face au système d’obligation de notification pour l’achat des armes lui imposé par les Nations Unies [ONU].
En conférence de presse, le Chef de la diplomatie congolaise a expliqué que cette mesure avait été instituée en 2008 uniquement pour empêcher la divagation des armes à travers les groupes armés.
« L’affaire des sanctions lorsqu’elle a été instituée il y’a quelques années partait d’une considération. En fait, le mécanisme de l’ONU qui était destiné à éviter la divagation des armes dans la région à travers les groupes armés qui faisait qu’il y’a beaucoup d’armes qui circulaient. C’était distiné aux groupes armés, c’était aussi destiné à gérer la crise sécuritaire et en ce moment là nous aussi étions indirectement concernés. Il fallait déclarer les armes que nous achetons parce que rappelez à l’époque, le gouvernement était considéré aussi comme belligérant », a expliqué Christophe Lutundula.
Cependant, le ministre des Affaires Étrangères estime qu’avec l’évolution de la politique du pays et l’installation des institutions légitimes, cette mesure n’a plus raison d’être.
«… Avec l’évolution de la situation politique de notre pays qui a fait que finalement qu’il y’a eu des institutions légitimes, constitutionnelles et c’était resté uniquement pour éviter que les groupes armés acquièrent les moyens militaires, des instruments de guerre et des activités criminelles », a-t-il ajouté.
Pour toutes ces raisons, le ministre des Affaires étrangères a enjoint à l’ONU de lever sans conditions cette mesure.
« Ce que nous demandons et ce que nous attendons est que cette histoire d’embargo qui ne dit pas son nom qu’on appelle déclaration, même faite par ceux qui nous vendent, nous n’en voulons plus. Le peuple congolais qui m’attend avec le Chef de l’Etat devant nous comme commandant suprême des forces armées de la RDC considèrent que c’est une injustice inadmissible. Nous demandons aux Nations Unies de lever carrément cette hypothèque. Nous ne sommes pas un pays interdit, un État voyou qui agresse », a-t-il argué.
Ce coup de gueule du patron de la diplomatie, intervient alors qu’il a révélé « un cas qui se produit maintenant. Le matériel militaire a été acheté et venait vers ici, mais en cours de route, le transporteur a dit non, ça ne peut pas arriver en RDC ».
Aussi, ce ras-le-bol du gouvernement fait suite à une déclaration du président du Comité de sanction du Conseil de sécurité, Michel-Xavier Biang, qui à l’issue d’une entrevue à Kinshasa avec le président du Sénat en date du 09 novembre, a clarifié l’opinion sur la question relative à l’existence d’un prétendu embargo interdisant à la RDC d’acheter les armes.
Une résolution décrétant l’embargo sur les armes en RDC avait été adoptée en 2000. En 2008, le Conseil de sécurité avait décidé d’appliquer cet embargo exclusivement aux groupes armés, tandis que les fournisseurs du gouvernement étaient soumis à un régime de notification au Comité de surveillance de l’ONU. Une nouvelle résolution adoptée en juillet dernier a prolongé pour un an ce régime, en ramenant l’obligation de notification à seulement 5 types d’armes, notamment les mortiers, lance-grenades, « systèmes portables de défense antiaérienne (MANPADS), systèmes de missiles guidés antichars ».
« En adoptant cette résolution, les Nations unies nous alertent sur l’urgence d’améliorer le système national de contrôle de la circulation des armes dans le pays », explique un fonctionnaire onusien à POLITICO.CD.
L’adoption de cette résolution était intervenue en dépit de la demande du représentant de la RDC formulée lors de la séance que le Conseil de sécurité a consacrée le 29 juin 2022, de retirer totalement ce dispositif de notification préalable, disposition « vieille de plus de 14 ans » qu’il jugeait « complètement obsolète ».
Carmel NDEO
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