
Trois mois après la prise de la cité de Bunagana par le M23, les forces vives du Nord-Kivu décident de briser le silence pour pousser Kinshasa à agir.
Alors que dans leur communiqué du jeudi 18 août 2022, les autorités militaires ont affirmé être en train d’observer un cessez-le-feu tel que voulu par les chefs d’État de la sous-région, la société civile dit attendre des mesures concrètes de la part du gouvernement pour la libération du poste frontière ainsi que d’autres villages occupés par les rebelles.
Dans un communiqué de presse publié ce vendredi 9 septembre 2022, la structure citoyenne rapporte que depuis l’arrêt des hostilités, le M23/RDF profite pour gonfler ses effectifs par de nouvelles recrues dans des camps des réfugiés en Ouganda et au Rwanda qu’il prévoit de déployer entre autres dans les positions de Rubavu et Mungo dans le groupement de Busanza, à Tchengerero dans le groupement de Jomba, à Rutshiro et Ruseke dans le groupement Bweza, à Rumuvu, Kanyabusono et Bukima en groupement Kisigari, avec l’intention de contourner la position militaire de Nyesisi et atteindre ainsi le territoire de Nyiragongo.
À en croire les forces vives, l’objectif de l’ennemi est de couper la route nationale no 4, s’emparer de Rutshuru centre, Kiwanja, Kibumba puis Goma en vue de valoir ses revendications d’être intégré au sein de l’armée congolaise. Elles regrettent que Kinshasa ait décidé d’observer une trêve alors que les rebelles contrôlent d’importantes entités du pays.
Au regard de ce tableau, les forces vives exigent au président Tshisekedi d’ordonner la relance des combats pour libérer les zones conquises par le M23. Sinon, elles menacent de se prendre en charge à travers des manifestations pacifiques.
“Au président de la République d’ordonner des offensives contre les terroristes de RDF/M23, car dépassant la date du 15 septembre 2022 sans combattre et libérer Bunagana et d’autres entités qui sont entre les mains de l’agresseur, la société civile se réserve le droit d’amener toute la population du Nord-Kivu à organiser des manifestations pacifiques de grande envergure allant jusqu’aux lignes des fronts pour aller combattre et libérer les espaces occupés par les militaires RDF/M23”, promettent-ils dans leur document.
Le mardi 13 septembre prochain, 3 mois se seront exactement écoulés depuis que le M23/RDF contrôle le poste frontalier de Bunagana (Nord-Kivu). Depuis le 13 juin 2022, aucune opération factuelle de reconquête de la cité n’a jamais été lancée par l’armée congolaise.
Les civils ont déjà fui la contrée. Les uns se sont dirigés en Ouganda d’où ils sont en train d’être expulsés par les autorités locales. Dans une réaction à la presse le samedi 3 septembre, le président de la société civile du Nord-Kivu a exprimé son inquiétude vis-à-vis du sort réservé aux élèves déplacés et qui ont du mal à regagner Bunagana en marge de la rentrée des classes.
Isaac Kisatiro, à Butembo