
Publié le : 09/09/2022 – 00:09
Depuis plusieurs semaines, la Tunisie connaît des pénuries sur des séries de produits alimentaires. Les causes sont nombreuses : problèmes d’importation, augmentation des prix sur le marché international, crise alimentaire mondiale… Alors que le gouvernement affronte une rentrée sous le signe de l’inflation et des négociations avec les partenaires sociaux, la question des pénuries fait désormais la Une de l’actualité tunisienne.
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Dans les rues de la capitale, le ressenti des commerçants face aux pénuries est sans appel. Monsieur Ben Jemia, 60 ans et grossiste depuis quatre décennies, explique que dans son magasin du quartier de Bhar Lazreg à Tunis, il doit s’adapter : « Le manque qu’on a actuellement, c’est du jamais-vu, même pendant la pandémie, ce n’était pas à ce point-là. Moi, je livre les épiceries, donc je sais de quoi je parle. Je livre en gros, il y a des manques importants sur le sucre, le café, les biscuits et les boissons gazeuses ».
Selon lui, les fabricants ont été directement impactés, notamment par le manque de sucre : « Par exemple, je suis allé voir l’usine qui fait certaines boissons gazeuses, ils ne me donnent que 1,5 litre de Coca-Cola. Ils ont été obligés de faire ainsi parce que l’État ne leur donne actuellement qu’une dizaine de tonnes de sucre. D’après ce qu’on dit, c’est l’État qui n’a pas encore pu payer certains fournisseurs à l’importation donc il y a du retard ».
Le ministère du Commerce a parlé d’un fournisseur qui se serait désisté au dernier moment. Une nouvelle livraison de 78 000 tonnes de sucre devrait arriver d’ici-là la semaine prochaine selon la version officielle. Dans une épicerie du quartier, Taoufik Abidi tente de combler le vide sur ses étagères : « Ce n’est pas facile en ce moment, on doit passer par des intermédiaires, le marché noir pour tenter de trouver certains produits ».
Pénurie de sucre
Dans le quartier de l’Ariana au nord de Tunis, au marché, les habitants témoignent. Dans les grandes surfaces certains produits sont disponibles selon une cliente : « Moi, je trouve qu’il n’y a aucun problème, le Monoprix de mon quartier est rempli ». En dehors de la capitale ce n’est pas toujours le cas selon Hedia retraitée : « Moi, j’étais en vacances dans la ville balnéaire de Haouria et pendant dix jours, je n’ai pas vu une seule trace de sucre dans les commerces ».
Depuis quelques jours, les produits laitiers manquent aussi à l’appel. Karim Daoud, agriculteur et membre du Synagri, un syndicat agricole, dénonce un problème récurrent depuis plusieurs années : la hausse des coûts de production, comme l’alimentation pour les animaux, qui est importée. De l’autre côté, le prix du lait est fixé par l’État et varie peu. Résultat : beaucoup d’agriculteurs vendent leurs vaches faute de pouvoir en vivre. « Et on s’est aperçu que le nombre de vaches diminuait de façon assez drastique, car il diminue de 30%, peut-être même jusqu’à 40%, explique Karim Daoud. Les centrales laitières aujourd’hui ont des problèmes d’approvisionnement et le stock stratégique qui est constitué pour le pays, qui est normalement à peu près d’un mois, s’est réduit aujourd’hui à 15 jours ».
Pour le moment, les autorités communiquent peu sur les raisons et la durée de ces pénuries.